Le rapport 2025 de Journaliste en Danger (JED) publié en novembre met en lumière une contradiction profonde dans l’état de la liberté de la presse en RDC.
D’un côté, les institutions se félicitent de la baisse des arrestations et des agressions grâce à la Loi Muyaya. De l’autre, les violences les plus graves – meurtres, disparitions – persistent, et la censure progresse.
Données comparatives
Sous Joseph Kabila (2001–2018) : 15 journalistes tués, 2 disparus, 172 incarcérés, 519 interpellés, 248 agressions physiques, 274 menaces.
Sous Félix Tshisekedi (2019–2025) : 12 journalistes tués, 4 disparus, 59 incarcérés, 77 interpellés, 103 agressions physiques, 119 menaces.
→ Les violations « ordinaires » diminuent, mais les atteintes les plus graves s’intensifient.
la RDC progresse dans les classements internationaux (123ᵉ place au RSF en 2024, contre 154ᵉ en 2019).
Mais derrière les chiffres, deux figures se dessinent :
Les fous du roi : acteurs étatiques ou proches du pouvoir qui, par abus ou par zèle, imposent des intimidations, censures et violences. Certains cherchent à plaire au chef, d’autres profitent de l’impunité pour asseoir leur autorité.
Les outrepasseurs de la liberté de la presse : journalistes qui, au nom de la liberté d’expression ou la liberté de la presse, franchissent la ligne de la responsabilité et s’adonnent à la diffamation ou aux abus.
Ces dérives alimentent les tensions, provoquent des poursuites et, dans les pires cas, ouvrent la voie à des violences physiques injustifiables.
Une liberté piégée
Ainsi, la liberté de la presse en RDC est prise en étau :
Par le haut, un pouvoir fragilisé par ses propres excès et par les « fous du roi » qui agissent dans son ombre.
Par le bas, une presse parfois minée par ses propres dérives, qui affaiblissent sa crédibilité et offrent des prétextes aux répressions.
Le rapport JED 2025 révèle que la liberté de la presse en RDC est coincée entre deux feux, celui des fous du roi qui imposent la peur, instrumentalisent la censure et les outre passeurs (certains professionnels des médias et moutons noirs).
Ensemble, ils entachent à la fois le régime et la presse, transformant chaque avancée légale en promesse inachevée.
La liberté d’expression ne peut se réduire à un classement ou à une loi : elle se mesure au courage des journalistes qui, chaque jour, risquent leur vie pour que la vérité ne disparaisse pas.
En conclusion, le rapport JED ne se limite pas à dénoncer les violations : il révèle un système où la liberté d’expression semble être compromise à la fois par ceux qui devraient la protéger et par ceux qui devraient l’incarner.
Entre zèle et excès, pouvoir et presse s’entachent mutuellement, laissant la vérité en otage et la démocratie en suspens.
Jipi Nzumba K.

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